MMX NEUF : une nouvelle aventure commence !

Depuis la mi décembre il fait pas mal froid ici mais très très très beau. J'en ai profité pour enchaîner les cueillettes, retrouvant tous les lieux où je me souvenais avoir fait de belles récoltes l'année dernière, mais cette année que néni, le saule est rare dans le lit des rivières, et souvent assez moche et fourchu. Heureusement qu'il y a la clématite, toujours aussi exubérante et que j'aime toujours autant préparer et travailler. J'en ai donc coupé pas mal, aussi en prévision du prochain stage que j'animerai début février (c'est bientôt / plus bas + d'infos ).

Et juste après les fêtes j'ai retrouvé Yolande "la glaneuse" pour deux jours de cueillette à deux : extra ! On est même parties en exploration dans la Drôme tout près du "Claps" (un magnifique endroit) mais là encore, morne plaine. Pas de quoi tresser plus de trois ou quatre paniers et encore, en n'étant pas trop exigeantes sur la qualité des brins... Alors, heureusement qu'on avait pour ne pas désespérer la perspective d'une nouvelle aventure ! Car on a proposé l'année dernière à Yolande de reprendre une ligne de saules tétards (peut-être 30 arbres) plus ou moins abandonnés depuis des années, pour y récolter de l'osier. On y était allées ensemble à la fin de l'été pour voir, mais la tâche nous avait semblé énorme... Il faudrait nettoyer le petit canal, débarrasser les bois accumulés, et tailler tout ça. À deux peut-être que ce serait déjà plus possible ? J'avais dit : oh ! oui : c'est mon rêve d'avoir une oseraie, et même de tétard...

La météo annonçant encore quelques jours de beau temps (et surtout sans vent) nous nous sommes donc retrouvées toutes les deux à Barret-sur-Méouge pour commencer ce chantier.

 

On s'est vite rendu compte qu'il n'y aurait que quelques brins sur chaque arbre "intéressants" pour la vannerie, et qu'il allait vraiment falloir les tailler ces arbres si on voulait faire (peut-être) une meilleure récolte l'année prochaine.

 

De prime abord, c'était assez intimidant : on s'est senties vraiment peu de chose face à cette ligne de grands arbres avec pour seuls outils des petites scies et un coupe branche chacune. On s'est dit qu'il faudrait peut-être revenir avec des "garçons" et du matériel plus sérieux : tronçonneuse, débroussailleuse, 4X4 et remorque... Mais bon comme on est là, on s'y met ? On verra bien ce qu'on peut déjà faire...

 

Et comme c'est souvent le cas, c'est en s'y mettant que tout s'est simplifié. On s'est réparti les rôles sans même avoir à en parler. J'ai coupé une première branche puis une autre sur lesquelles une fois au sol, Yolande pouvait couper les rares brins intéressants. Le saule s'avérant être relativement tendre, quelques heures plus tard nous avions déjà dépouillé trois arbres de leurs branches quand le soleil s'est caché derrière la montagne, et tout à coup il faisait trop froid pour continuer il était tant de rentrer.

On a profité de la soirée pour chercher sur internet des informations sur la taille des saules en "tétard" et c'est comme ça que j'ai découvert que sans le savoir nous faisions des "trognes" et ce mot en plus, m'a réjouie.

Qu'est-ce qu'elle a ma trogne ?

Quelques extraits de mes lectures : "Transformer un arbre en trogne, est-ce une «mutilation» ? Bien au contraire, l’émondage effectué pour obtenir une trogne stimule sa croissance, au lieu d’y couper court, à tous les sens du terme ! Sous leur écorce, les arbres ont ce qu’on appelle des bourgeons dormants, dont le réveil est en quelque sorte programmé. C’est comme s’ils gardaient ces bourgeons en réserve, avec cette forme d’intervention extérieure en mémoire, et qu’ils étaient toujours prêts à y réagir positivement... Du reste, ce ne sont pas les hommes qui ont inventé les trognes : la nature leur a montré le chemin, au travers du vent qui casse les branchages, ou des découpes opérées par les castors ! De plus, il est clair que cette pratique est génératrice de longévité. D’un côté, le fait d’étêter un arbre lui confère beaucoup de densité, donc de résistance au vent, et des besoins moindres, dont les sols ne manquent pas ; de l’autre, faire en sorte que les jeunes pousses soient haut perchées protège un feuillu de sa destruction par des herbivores trop nombreux."

 

"L'impact de l'arbre têtard sur l'environnement est considérable. Il joue un rôle fonctionnel sur (1) la biodiversité car il constitue l'habitat de nombreuses espèces d'animaux dont certaines se nourrissent de son bois. Il est aussi un support idéal pour certains végétaux comme le lierre dont les fruits d'hiver représentent la nourriture idéale de nombreux animaux. (2) Les différentes régulations au niveau hydraulique et climatique. En effet, l'arbre-têtard peut restituer quotidiennement jusqu'à 700 litres d'eau dans l'atmosphère. Une haie d'arbres-têtards permet ainsi au bétail de bénéficier d'un plus grand bien-être en extérieur."

 

etc, etc... J'avoue qu'avant de connaître les vertus des "trognes", j'ai toujours regardé ces troncs décapités comme le résultat d'un massacre à la tronçonneuse des jardiniers d'aujourd'hui, pourtant c'est une pratique très ancienne...

 

"Des restes de vannerie trouvés dans des gisements du néolithique, laissent penser qu'à cette époque les arbres étaient déjà coupés à hauteur pour préserver leurs repousses des herbivores sauvages et domestiques. En Angleterre, des vestiges de trognes âgés de 3400 ans ont été découverts enfouis dans le lit de la rivière Trent. En Bretagne, l'analyse de bois d'oeuvre archéologique montre que l'émondage était pratiqué à l'époque carolingienne. La sculpture, la mosaïque, la fresque sont de précieuses sources de renseignements qui nous offrent des représentations datées, pour les plus anciennes, de 3500 ans "

Bref le lendemain, il faisait toujours aussi beau et on s'y est remises avec cette nouvelle conviction de "bien faire". On a eu la visite des propriétaires des lieux, un jeune éleveur de chèvres et un couple de jeunes maraîchers qui viennent de s'installer sur ce terrain en même temps, et qui nous y invitent : mille merci ! On a parlé "trognes" ensemble (j'adore) eux connaissant déjà leurs vertus nous on encouragées à persévérer dans notre entreprise. & Allez hop : on s'y remet, le bois a transporter près de la rivière (là où ça ne gêne pas) une pause pique nique en compagnie de la belle Olympe venue nous aider, encore trois arbres réduits avec au final aussi une petite récolte d'osier jaune : une vraiment belle journée ! 

 Alors, vivement qu'on y retourne pour continuer ce beau chantier ! (bientôt)

 

Bientôt aussi le stage de vannerie "sauvage" que j'animerai en tandem avec Yolande

du 4 au 8 février à Barret-sur-Méouge (05 300)

toutes les infos et inscriptions sur son site "la glaneuse"

et sur celui de "l'oseraie du possible"

 

N'hésitez pas à me demander des infos complémentaires si besoin était : 04 92 57 77 36

et à bientôt j'espère, ici ou là !

 

& aussi :  MEILLEURS VOEUX POUR L'AN MMX NEUF !

que j'espère riche de surprises, de rencontres, de découvertes, et d'amour bien sûr et toujours...